Ukraine/Russie : les enjeux en 6 points

À la suite des derniers évènements et à la déclaration de guerre de Vladimir Poutine contre l’Ukraine, il me semblait primordial d’informer. La situation est malheureusement bien plus complexe que ce dont elle a l’air. Les informations fusent et s’entrechoquent, ne laissant place qu’à la confusion.

Margot Calisti

2/28/20225 min read

par cet article et en 6 points, je vous propose un tour d’horizon de ce qu’il se passe vraiment derrière le conflit entre l’Ukraine et la Russie.

Un passé commun :

Depuis les débuts de l’empire au XVIIème siècle, l’Ukraine est au cœur des préoccupations russes. Jusqu’à la fin de l’URSS l’Ukraine a toujours été partie intégrante de la Russie ou un de ses satellites. Une histoire est donc commune entre les deux pays sur près de trois siècles, de 1648 à 1989. Certains des plus grands dirigeants de l’URSS tels que Khrouchtchev et Brejnev sont nés en Ukraine.

Après la chute de l’URSS, l’Ukraine s’émancipe de la Russie pour la première fois en plus de 300 ans. L’Ukraine est un pays indépendant de toutes formes d’organisations internationales et régionales, à l’exception de l’ONU. Elle n’est donc ni dans l’UE, ni dans l’OTAN.

Les origines de la crise qui nous intéresse aujourd’hui remontent à 2014. En effet, le 22 février, le président pro-russe ukrainien Ianoukovytch est renversé par des manifestations. Le nouveau gouvernement est pro-européen, le désaccord des régions séparatistes pro-russe gronde. L’armée russe intervient sur place, annexant par la même occasion la Crimée qui est officiellement rattachée à la Russie par référendum. De violentes oppositions éclatent dans la région, réprimées par l’armée russe. Naît alors la tristement célèbre guerre de Crimée. Des tensions apparaissent aussi dans la région ukrainienne du Donbass.

Les volontés expansionnistes russes :

Ce n’est un mystère pour personne, les ambitions de la Russie quant à la conquête de nouveaux territoires ont toujours été un leitmotiv de leur gestion des relations internationales. Déjà sous l’Empire, puis avec l’URSS, la conquête d’autres pays n’est pas un épiphénomène de la « marche vers l’Ouest » pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Après la chute de l’URSS et la perte de sa très large influence sur les pays d’Europe de l’Est, la Russie a retrouvé ses frontières d’origine. Malgré son étendue territoriale immense et ses nombreuses richesses, il semblerait que pour les dirigeants russes, et notamment l’actuel président Vladimir Poutine, ce ne soit pas suffisant.

La volonté russe de reconstruire sa puissance et son cercle d’influence en Europe de l’Est n’est, depuis 2014, ni pacifique ni diplomatique. La guerre de Crimée en sera témoin, l’expansionnisme russe est agressif. Depuis près de 10 ans maintenant, la menace russe pèse sur les pays d’Europe de l’Est et notamment sur l’Ukraine, dont la situation est bien plus complexe qu’il n’y paraît.

Il est de notoriété publique que la Russie veut récupérer ses anciens territoires que le gouvernement considère toujours comme les siens.

Un affront direct à l’OTAN

Depuis 1991, l’Ukraine ne manque pas de montrer son intérêt pour l’OTAN. L’organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a quant à elle toujours entretenu une distance avec l’Ukraine, se limitant à des accords. Il n’y a donc jamais eu intégration complète de l’Ukraine en tant que membre à part entière du traité.

L’une des raisons pour lesquelles l’Ukraine n’est pas dans l’OTAN est l’opposition formelle de Vladimir Poutine à cette alliance. Ce territoire, qu’il considère comme sien, ne peut s’allier à un autre que lui, d’autant qu’une alliance avec l’OTAN entraverait le président russe dans ses volontés expansionnistes.

Ce comportement n’est pas sans rappeler les raisons de la création en 1955 du Pacte de Varsovie, par Nikita Khrouchtchev, mettant en place la logique des blocs de guerre froide.

Les enjeux économiques

Les intérêts de la Russie dans la région ukrainienne sont à la fois diplomatiques et économiques. En effet, géographiquement entourée par l’Union Européenne, la Chine et les Etats-Unis, la Russie voudrait retrouver sa puissance et son influence perdue avec la chute de l’URSS.

Depuis les années 2000, l’Ukraine est économiquement dépendante de la Russie, son cinquième investisseur principal mais surtout l’organe de contrôle de la plupart de ses entreprises.

Il ne faut pas non plus oublier que l’Ukraine, et ce depuis plusieurs siècles, est le grenier à blé de l’Europe. Cette situation de dépendance économique européenne s’avère essentielle pour la Russie, lui donnant une main mise sur la bonne santé de l’économie européenne.

Au niveau de l’Union, le dilemme du gazoduc Nord Stream 2, reliant la Russie à l’Allemagne renvoie à un questionnement important. L’Europe peut-elle se passer du gaz russe ? Et la Russie peut-elle survivre sans l’argent européen ?

La marche à la guerre

Plus de 100 000 soldats russes ainsi que des blindés ont été déployés au long de la frontière du Donbass ces derniers mois. Six navires de guerre russe ont quitté la mer Baltique pour rejoindre la mer Noire il y a quelques semaines.

Les États-Unis ont menacé de représailles et sont maintenant en train de réunir l’OTAN tout en tenant un conseil de défense pour décider de la marche à suivre. La France et l’Allemagne ont voulu empêcher le conflit de naître, cependant, les relations diplomatiques de ces deux puissances avec la Russie sont plus qu’entravées et la situation n’est pas prête à s’arranger.

L’Union Européenne menace la Russie de très fortes sanctions économiques et financières en cas de conflit, l’Allemagne a déjà décidé de suspendre la construction du gazoduc. Le Royaume-Uni a envoyé des antichars en Ukraine tandis que le dirigeant turc Erdogan, a affirmé son soutien à l’OTAN et a envoyé des armes à l’Ukraine. La France et l’UE veulent que la diplomatie soient remise à l’ordre du jour, situation qui pour le moment semble loin de se concrétiser.

La Russie se sert des régions séparatistes ukrainiennes pour justifier son invasion. Les bombardements ont commencé dans la nuit du 24 février aux alentours de 4 heures du matin, on décompte déjà plusieurs victimes civiles et l’Ukraine appelle sa population à prendre les armes. Les troupes russes prennent la capitale ukrainienne Kiev d’assaut. Ils sont déjà en possession de nombreuses villes, les attaques se multiplient et les bombardements ne cessent de frapper les populations civiles qui elles, tentent de fuir le pays.

Ce qu’il risque de se passer

La situation est grave, nous sommes aux portes d’une troisième guerre mondiale. L’Europe comme éternel théâtre de la guerre, il faut aujourd’hui se mobiliser et s’informer.

La Russie est déterminée et menaçante, Poutine a déclaré : « à ceux qui tenteraient d’interférer avec nous, et plus encore de menacer notre pays, notre peuple, ils doivent savoir que la réponse de la Russie sera immédiate et conduira à des conséquences que vous n’avez encore jamais connues. » C’est donc une menace nucléaire qui pèse directement, comme une épée de Damoclès, sur la tête de toutes puissances alliées à l’Ukraine dont fait partie l’UE.

Une alliance sino-russe n’est pas à écarter, puisque la Chine n’a toujours pas condamné les actes russes et qu’un soutien russe en vue d’envahir Taiwan contre une aide au moins économique pour la guerre contre l’Ukraine serait envisageable.

Bien que les forces de l’OTAN, alliées au reste de l’armée américaine et européenne soient très puissantes, il ne faut pas sous-estimer la force de l’armée russe.

L’Horloge de l’apocalypse se rapproche bien trop vite de l’heure fatale, informez-vous, mobilisez-vous.