"Les Banshees d'Inisherin", ou comment magnifier l'Irlande des années 1920.

Dans les confins d’une Irlande rongée par la guerre civile, sur l’île fictive d' Inisherin, le temps passe et échappe à Colm, ami du protagoniste Padraic. Prenant conscience que le temps presse et qu’il serait plus judicieux de l’utiliser intelligemment, Colm décide brutalement de mettre fin à leur longue amitié. Entre incompréhension, douleur et vengeance, Martin McDonald met joliment en scène une fable sur la sinuosité des relations et leur potentielle éphémérité.

Ce drame, à la fois irréel et profondément authentique, nous plonge dans une Irlande insulaire étonnamment paradisiaque. Les paysages verdoyants que l’on reconnaît au pays sont d’une pureté éclatante, la musique, souvent traditionnelle, accompagne merveilleusement la narration. Rien n'est laissé au hasard afin que l'on soit totalement immergé dans l'Irlande des années 1920. Le pub, véritable personnage, réunit, tout en permettant aux nouvelles de circuler. La beauté des Banshees d’Inisherin découle directement de ce métissage subtil entre sons et images typiquement « irish ».

Toutefois, ce n’est pas pour sa photographie que le film a été primé à la Mostra de Venise en septembre dernier, mais pour son scénario (meilleur scénario) et pour la prestation de Colin Farrell (meilleur acteur).

Autrement dit, ce quatrième long-métrage de Martin McDonagh (Three Billboards : les panneaux de la vengeance, Bons Baisers de Bruges), se délecte tout du long, à la fois touchant, drôle ert  mélancolique. Il a tout d’une tragi-comédie osée qui, tout en calquant les codes du drame, se démarque par une pointe de burlesque qui happe et étonne.

Finalement, c'est un film à voir par tous les amoureux de l’Irlande (mais pas que), qui retranscrit sans superficialité la vie morose d’irlandais privés de liens avec la métropole. Bref, un film d’une humanité qui émeut et d’une grandeur visuelle qui fait rêver.

@Tumpik

@Allociné

@JDD