"Le Menu", une réflexion gastronomique

Critique de film "Le Menu" de Mark Mylod avec notamment Ralph Fiennes, Anya Taylor-Joy et Nicholas Hoult.

Léo-paul Authier

1/4/20230 min read

Le Menu est un thriller gastronomique rythmé par le ballet des plats qui saura vous tenir en haleine. Si Anya Taylor Joy ( Last Night In Soho, Le jeu de la dame ) est comme à son habitude superbe dans ce film, c'est ici Ralph Fiennes qui s'impose, avec un rôle semble-t-il fait sur mesure. Il incarne un grand chef, un psychopathe disons nous,  du fait d'avoir prémédité un plan vicieux après maintes années de souffrances. Cependant, la réalité va se révéler plus complexe…

Ce film pose une critique sur la société, sur la notion d’ego et notre prétention de « savoir », alors symbolisée par les clients du restaurant ce soir-là. Il nous est donné à voir un certain aveuglement que provoquent l’ego et les erreurs que cause cette prétention. La grande critique, le grand acteur, l’apprenti chef qui déchantera vite, tous sachant, ne remarquent pas que le chef met lentement son plan à exécution. La réalisation est brillante, le spectateur est lui aussi toujours sur le qui-vive à se demander quel sera le prochain mouvement du chef, qui , comme un joueur d’échecs expert va leurrer ses clients, qui ne sentent pas leur fin arriver. Il bouge ses pions, et, quand les clients croient qu’ils vont pouvoir s’en sortir, il finit par toujours reprendre le dessus.

Margot incarne l'exception, la différence. Alors que tous jugent le chef, le perçoivent comme un psychopathe tueur, elle, bien qu’effrayée par moments, ne laisse pas son impression dicter, ni son comportement, ni son jugement. Elle va chercher à lui faire prendre conscience de sa véritable nature, à trouver sa véritable identité derrière cette étiquette de grand cuisinier. Et, au fil de l'histoire, Margot va découvrir qui est véritablement cet homme. Pour ainsi dire, le film repose sur cette imprevisibilitée propre à la nature humaine, car Margot ne devait pas être présente ce soir là. Or, c'est par son unique volonté que l'on parvient à découvrir l'homme derrière le cuisinier.. 

Enfin, il nous est montré qu'il existe une distinction entre la réalité et le fait de penser la connaître. Autrement dit, c'est une mise en garde de l'illusion qui nous fait face. Le personnage du chef rappelle cette phrase écrite par Machiavel « rare sont les hommes qui sont complètement bons ou mauvais ». Margot ne va pas rejeter le chef, mais elle va lui laisser se découvrir, se dévoiler. Il va alors émerger au fil du film une sorte de relation émouvante qui la sauvera. 

Le Menu est une invitation à la reconsidération, tant de nos préconçus, que de ce que nous prétendons savoir, sur les autres et sur la société.  Il est à voir, pendant qu'il en est encore temps. 

@vogue

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